Kira

Ses cheveux longs sont coupés de façon désordonnée, et leur couleur oscille entre le bleu et le violet. Cette couleur est aussi celle de sa queue et de ses oreilles. Et oui, notre Miss a une particularité étonnante : des parties animales. Félines, pour être précise. De grands yeux sombres brillent sous sa frange, et n’expriment rien, aucune émotion, la plupart du temps. Ses dents sont un peu pointues vers le bout, et sont visibles quelques fois, le blanc contrastant avec ses lèvres bien roses. Sa peau est vraiment pâle, on pourrait même dire qu’elle n’a jamais été exposée au soleil de sa vie, ce qui pourrait être tout à fait vrai, vu son horreur de cette planète qui éclaire n'importe quoi, ce qui la rend plus facile à attraper. Elle porte une robe noire, à bretelles, et qui lui arrive un peu au dessus des genoux. Le bustier est décoré de dentelle et de rubans blancs, et se ferme par derrière. À partir de la taille, la jupe devient, comment dire, bouffante, et des coutures blanches l’ornent. Sinon, elle porte des chaussures ouvertes à talons, mais pas de chaussettes. Ses ongles sont blancs et pointus, parfaits pour couper une jugulaire. Ses bras sont entourés d’un fin ruban rouge, qui semble vivant, et essaie de l’emprisonner, pour stopper ses mouvements. Il est souvent autour de ses bras, mais peut monter jusqu'à sa bouche, et l'empècher de s'exprimer correctement. Son agilité féline est étonnante, elle saute très haut, et peut se tordre comme elle veut, grâce à une souplesse hors du commun.

Pour le mental, on va dire que décrire la personnalité de Kira n’est pas la chose la plus facile qui soit. Déjà, parce qu’il est impossible de prévoir ses actes à l’avance, cette jeune femme est lunatique. En gros : elle peut tout aussi bien pleurer à chaudes larmes un moment, et se relever tout sourire l’instant d’après. Mais ce qui est le plus important, c’est qu’elle n’éprouve, pour la plupart du temps, pas de sentiments. Enfin, elle peut apprécier quelqu’un, mais sans plus. Ça a été le prix pour ses particularités félines. Elle ne tombera donc pas amoureuse de quelqu’un, à moins qu’une personne n’en fasse le vœu à Wonderland, ou bien fasse celui qu’elle retrouve tous ses sentiments. Ainsi, elle peut être très froide avec n’importe, et l’est la plupart du temps, soit dit en passant, et n’éprouvera aucun remord à tuer ou mutiler ceux qui lui déplaisent. D’ailleurs, grâce à sa nature féline, elle aime bien jouer avec ses proies, ou n’importe qui d’autre. Il faut préciser que ses jeux sont tout aussi bizarres que sa personnalité : soit elle tue, soit elle mutile atrocement, soit mentalement. Elle peut aussi séduire un humain ou une humaine dans le but de le perdre, car elle n’aime pas ceux qui n’ont pas de vie. Entendez par là qu’elle déteste les créatures insignifiantes qui sont trop lâches pour désirer faire quelque chose de leur vie, et essaiera de les désespérer.
Elle n’aime pas le ruban rouge qui l’emprisonne quand elle est au Wonderland, car il l’empêche d’aller où elle veut, et des fois elle se fait blesser par une quelconque créature, ses mouvements entravés. Là-bas, elle se promène en espérant voir une personne qui fait des vœux, et tente de lui faire faire des vœux déraisonnables, histoire de s’amuser un peu. C’est ainsi qu’à cause d’elle, beaucoup se sont retrouvés avec des parties animales, qu’ils ne voulaient absolument pas avant de la rencontrer. Comme ça, ils deviennent un peu plus comme elle… Mais généralement, ils ne perdent pas leurs sentiments, eux.
Être son ami demande beaucoup d’efforts, il faut savoir comprendre sa façon de penser selon les différentes situations, et lui montrer qu’on la comprendre, ou du moins qu’on ne s’oppose pas à ses choix. Après, il faudra ne jamais la trahir. La trahir une fois, c’est lui dire au revoir à jamais. Et oui, notre Miss est plutôt rancunière, et selon la trahison, votre vie peut devenir un enfer. Ou bien allez en enfer, c’est plus court.
Il y a aussi un moyen pour qu'elle ne vous aime pas dès le départ: déborder d'affection. Pour la piéger, il faut être diabolique, et hypocrite. Ceux qui sont trop collants la font fuir. Elle ne désire par particulièrement partager l'affection des autres, car cela la rendrait encore plus faible qu'eux.[ Et oui, elle trouve que ceux qui se laissent dominer par leurs sentiments sont faibles, et ne servent à rien, quel que soit le monde dans lequel ils sont.

De l’union de deux créatures vivant à Wonderland naquit une petite fille, qui fut recueillie par une troisième qui eut le bon sens de la nommer Kira. Cette troisième personne était une femme qui répondait au doux nom de Misuzu. Elle avait une apparence affreuse et difforme, mais on pouvait quand même voir les trois clochettes qui scintillaient à son cou. Elle apprit à la petite que le monde dans lequel elles vivaient n’était pas vraiment réel, et qu’on pouvait souhaiter ce qu’on voulait. Dans un autre monde, c’était sensé se réaliser. De temps en temps, elle envoyait la petite dans cet endroit, semblant craindre un danger. Kira ne comprenait pas, mais elle adorait quand même ce monde, et trouva même une créature qui lui plut, et qu’on appelait le chat. De retour dans son monde, elle demanda :
- On peut vraiment demander ce qu’on veut ?
La réponse fut affirmative, et la petit s’empressa de se retrouver seule, afin de demander de ressembler un tant soit peut à la jolie créature qu’elle adorait dans le monde réel. Ainsi fut fait, deux oreilles et une queue poussèrent douloureusement, et elle se sentit changer. Du sang avait coulé tout autour d'elle, et à cette vue, inouïe pour elle, la jeune fille souhaita aussi que son corps ne soit jamais mutilé, ni détruit. C'est ainsi qu'elle acquis une capacité étonnante, celle d'avoir un corps qui se régénère.Quand elle revint dans son monde, elle ne ressentait pas grand-chose, et l’amitié qu’elle éprouvait pour Misuzu était atténuée. C’est ainsi, que n’ayant plus de raison de vivre à Wonderland, elle se fit une vie dans son nouveau monde. Là, elle commença à voler pour manger, et voyager sans cesse.
Après quelques années, quelque chose la poussa à tuer un homme, qui la poursuivait après qu’elle eut volé des pommes. Quand un policier la découvrit, elle était endormie dans une grande flaque de sang. Il la réveilla doucement, étonné par son physique, et entreprit de lui parler. Elle était intelligente, et il la cacha chez lui, la nourrissant bien, croyant que c'était la seule chose pour laquelle elle avait tué ce passant. Mais après quelques mois d’amitié, durant lesquels il devint son seul vrai ami, elle ne put s’empêcher de tuer, son instinct la guidant. Il avait beau lui dire des mots doux, et être très gentil avec elle, elle n'en avait pas moins une sorte de haine pour les humains, qui ne lui ressemblaient pas du tout. Quand Jean, le policier, la découvrit, elle lui proposa de venir avec elle, de regarder comment elle tuait. Pour elle, c’était agréable, et elle pensait qu'il aimerait la vue du sang. Mais lui, il en fut horrifié. Ils se trouvaient dans une rue déserte à côté d'un cadavre encore chaud, et ne réagirent pas quand d’autres policiers vinrent, attirés par les cris des passants, qui avaient vu une créature bizarre s’attaquer à eux. Kira se sentit subitement devenir haineuse.
Kira voyait très bien vu son expression qu’il refusait. Jamais un petit policier comme lui ne pourrait faire ça, se retenir de défendre les attaqués, juste regarder. Ça aurait amusé la jeune fille, pourtant, de voir son visage terrifié tenter de se détourner du massacre, tandis qu’elle-même continuerait à torturer les pauvres passants qui n’avaient rien demandé, même pas le fait d’être obligés d’aller faire leurs courses pour survivre. Mais ils ne savaient pas que ce que haïssait la jeune femme, ce n’était eux, directement, mais le fait qu’ils empestaient la peur. La peur de mourir, la peur d’être torturé, kidnappé, violé, mutilé et j’en passe. Mais pas seulement. Ils craignaient chaque passant qui traversait la route en même temps qu’eux, chaque sonnerie d’alarme provenant des quartiers militaires. Tout, quoi.

Ils la dégoûtaient. C’était pour ça qu’elle passait sa rage sur eux. Tout ce dont elle avait peur pour elle-même, elle le leur faisait subir. A force, ce n’était plus de la haine qu’elle avait ressentit en les massacrant, mais du plaisir. Ce plaisir vil qu’on éprouve quand on se sent libéré d’un fardeau lorsqu’on le fait passer sur les épaules d’un autre. Oh ! Ça lui plaisait tellement, de se venger sur ceux qui n’avaient pas eu le courage de prendre leur vie en main, parce que c’était facile, si facile, de se laisser porter par le vent, sans rien faire… Vivre, tout simplement… Sans but, sans choses à faire… Bref, elle achevait leur vie par là même où la sienne avait commencé. Et ce policier, qui ne comprenait pas que lui aussi, suivait un but qu’afin de se prouver qu’il avait quelque chose à faire… Il ne tenait pas spécialement à vivre, mais cette mission qu’il s’était donné, tout comme son père l’avait fait avant lui, lui donnait l’illusion de faire quelque chose d’important, qui mérite qu’il vive encore, qu’il ne se laisse pas mourir… Ça la répugnait encore plus.

C’est pour cela qu’elle ne bougea pas quand il s’écarta vivement d’elle, croyant sans doute qu’elle ne pouvait tuer qu’avec son petit couteau, qui luisait dans sa main. Maintenant, ça allait devenir une tragédie. C’est comme ça, les tragédies. L’action se déroule comme elle devait se dérouler, rien ne peut l’en empêcher. Tragiquement, ça allait finir sans qu’on puisse se dire « on aurait pu changer ça ». Non, les rouages étaient en marche, et les Moires faisaient déjà leur travail. Les fils de la vie de ceux qui allaient entrer en scène allaient être coupés, quel que soit leur âge, les bonnes ou mauvaises actions qu’ils aient faites dans leur vie. Coupé. Bientôt, ils pourraient dormir. C’était ça, qu’ils attendaient depuis le début. Se débarrasser de leurs obligations dans ce monde-ci, et fermer les yeux. À jamais. Ça devait être agréable, de ne plus se sentir accroché à une enveloppe corporelle qui n’est pas forcément à notre goût.

Enfin, elle ouvrit les yeux. Elle se trouvait au beau milieu de gendarmes, qui la regardaient avec des yeux dont les pupilles étaient dilatées par la peur. Ils avaient du mal à croire ce qui était sous leurs yeux. Une jeune femme aux longs cheveux noirs, l’air purement enfantin, les dévisageaient sans comprendre ce qui lui arrivait. Son air la rajeunissait, on ne lui donnerait même pas 16 ans. Prenant une voix de petite fille, elle demanda :
- Que me voulez-vous, messieurs ? Je ne comprends pas…
Le silence devint pesant. Tous se demandaient que faire. Le seul à savoir ce qui se passait vraiment était Jean, mais il était trop terrifié pour bouger. Si il savait… Mais il ne pouvait pas savoir. Dans les tragédies, les personnages sont ignorants. D’ailleurs, pouvait-il comprendre que lui aussi allait mourir ?


T'tention pour ceux qui ont des âmes sensibles:

Spoiler:

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